Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume
Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume

Psychotropes et psychopathologie: un peu d'histoire...


Par Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne
A Bois-Guillaume

Le regard historique sur l'évolution des différentes théories et thérapeutiques en matière de psychopathologie reflète bien la complexité de cette discipline.

Thomas M. Achenbach a ainsi tracé une courbe hypothétique, désignant les différentes évolutions quant aux attitudes face  à la folie, aux malades, aux institutions... Cette courbe fait apparaître des cycles d'optimisme et de pessimisme. Ainsi, la première période [1800-1850] est teintée d'optimisme, mais est suivie d'une période de pessimisme glacial avec un maximum proche de zéro en 1875. Vers la fin du 19ème siècle-début du 20ème siècle, l'optimisme redémarre pour atteindre un plateau entre 1940 et 1955 environ. Enfin, l'optimisme remontera de façon très significative dans les années 60, et nous allons voir qu'il est associé, entre autre, à un changement majeur intervenu en 1950.

Quatre découvertes antérieures importantes

Jusque dans les années 40, l'arsenal thérapeutique était très limité. Néanmoins, quatre découvertes antérieures auront des conséquences importantes pour la suite:

  • En 1917, le psychiatre autrichien Von Jaureeg met au point la "malaria-thérapie", technique d'impaludation ou encore "thérapie de fièvre", utilisée dans les cas de paralysie cérébrale. Cette découverte démontrant que certaines maladies mentales pouvaient être guéries lui valent le Prix Nobel en 1927;
  • En 1933, le psychiatre autrichien Sakel introduit "la cure de Sakel" (administration progressive de doses d'insuline jusqu'à l'obtention du coma), utilisée surtout pour les cas de schizophrénie;
  • En 1935 a lieu la première lobotomie frontale. Malgré les problèmes éthiques engendrés, le Portugais Moniz, théoricien de la psychochirurgie, obtient le Prix Nobel en 1949;
  • En 1938, enfin, l'Italien Cerletti réalise le premier électrochoc.

Sur le plan pharmacologique, seuls les hypnotiques, médicaments de l'insomnie, étaient utilisés depuis longtemps. Le plus ancien, le barbital, fut commercialisé en 1903 sous le nom de "Véronal".

1950 : une nouvelle ère en pharmacologie

C'est en 1950 qu'un changement majeur intervient avec la découverte des effets thérapeutiques d'un produit synthétisé par les chimistes de Rhône-Poulenc: la chlorpromazine.

La chlorpromazine est d'abord utilisée en anesthésiologie par Henri Laborit. Mais en 1952, Delay et Deniker démontrent son intérêt dans le traitement des états psychotiques.

Une nouvelle ère commence alors, celle des médicaments psychotropes, eux-mêmes constituant quatre catégories avec des effets différents selon les troubles psychopathologiques: les neuroleptiques, les tranquillisants, les antidépresseurs et le lithium

  • Les neuroleptiques sont des "substances qui prennent le nerf", selon l'expression de Delay et Deniker. Ils sont constitués de 7 grandes familles ayant chacune un noyau chimique commun. Au sens large, les neuroleptiques sont des "antipsychotiques", mais leurs effets varient d'une substance à l'autre.  Ainsi, on peut distinguer: les neuroleptiques sédatifs, anti-anxieux et anti-excitatoires, utilisés notamment dans les états délirants; les neuroleptiques déshinibiteurs ou incisifs, modifiant l'indifférence ou l'inertie émotionnelle (schizophrénie); les neuroleptiques polyvalents, avec des effets intermédiaires.

L'introduction, en 1968, des "neuroleptiques-retard" fut également un progrès important, notamment au niveau de la poursuite des soins, moins astreignante pour le patient et plus sûre pour le thérapeute.

  • Les tranquillisants: synthétisé par Berger en 1950, le premier tranquillisant, le méprobamate, fut commercialisé en 1954. Les tranquillisants constituent un groupe hétérogène. En effet, ils ont d'autres effets en plus de l'effet tranquillisant (sédatif, myorelaxant, anticomitial, hypnotique...) et leur structure chimique permet de décrire 3 groupes (les carbamates, les benzodiazépines et un groupe hétérogène.)
  • C'est la même année, en 1957, que Kline et respectivement Kühn décrivent les deux classes principales d'antidépresseurs, les IMAO (Inhibiteurs de la Mano Amino Oxydase) et les imipraminiques.  Au cours des dernières années ont été créés d'autres antidépresseurs: les sédatifs ou anxiolytiques, les psychostimulants ou déshinibiteurs, et les intermédiaires.
  • Utilisé depuis 1860 pour la goutte, le lithium entre dans la catégorie des psychotropes en 1970 avec les travaux de Baastrup qui montrent son action préventive par rapport aux rechutes de psychose maniaco-dépressive, appelée plus communément aujourd'hui trouble bi-polaire. Pour cette raison, le lithium est un médicament thymorégulateur.

Un consensus général

Toutes ces découvertes en psychopharmacologie depuis 1950 entraînèrent  des espérances énormes qui ne furent, finalement, que partiellement confirmées car l'on découvrit des effets indésirables et l'on prit conscience de la complexité de la prise en charge. Néanmoins, même si certains critiquèrent "l'excès" de la pharmacologie, parlant même de "camisoles chimiques", il y a un consensus général quant aux progrès considérables réalisés dans la modification du climat institutionnel, l'allègement des structures hospitalières et l'insertion sociale des patients.

Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

A Bois-Guillaume


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