Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume
Sylvie Verdière
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Psychotropes: pour ou contre? La suite


Par Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne
à Bois-Guillaume

 

Nous avons vu dans le premier article la face plutôt sombre des psychotropes: agressivité commerciale des laboratoires, consommation excessive, le discours du patient oublié... Mais les psychotropes présentent-ils également des bienfaits?

 

Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

A Bois-Guillaume

07 86 47 35 69

Les bienfaits des psychotropes

La polémique ne doit pas empêcher d'être objectif et de reconnaître également les bienfaits des psychotropes: nul ne songerait sérieusement aujourd'hui à dénier les réels progrès de la pharmacologie dans la prise en charge des affections psychotiques, notamment en milieu hospitalier. C'est certainement grâce aux neuroleptiques que les hôpitaux psychiatriques sont passés du statut d'asile à celui de lieux véritablement thérapeutiques. De plus, l'ambiance de travail pour les équipes soignantes s'est améliorée, les psychotropes administrés aux patients leur permettant de "souffler" et d'être par ailleurs plus disponibles.

Très critique envers les psychotropes ou du moins l'utilisation qui en est faite, Philippe Pignarre, (éditeur des "Empêcheurs de tourner en rond" qui travaille sur les médicaments et l'évolution de la psychiatrie), auquel j'ai déjà fait référence dans l'article précédent,  reconnaît également que les psychotropes ont représenté une aide irremplaçable pour beaucoup de patients.

De plus, les psychotropes ont déculpabilisé le rapport entretenu entre les patients et leur famille, le rapport à de nombreux troubles mentaux, de la dépression à l'autisme. En ce sens, les psychotropes représentent une "libération" et une "déculpabilisation" par rapport aux explications issues de la psychanalyse: on se souvient de l'expression de Bettelheim concernant les mamans d'enfants autistes qu'il qualifiait de "mères de glace"! 

Et comme l'écrit Tobie Nathan (psychologue, professeur émérite à l'Université de paris VIII et écrivain), "quand on écrit sur ce sujet des psychotropes, il ne faut jamais oublier que l'on est sous le regard des patients qui les utilisent avec bonheur!"

Les psychotropes sont donc parfois indispensables et/ou peuvent se combiner avec des psychothérapies, les deux champs ne devant pas être antinomiques mais complémentaires.

Vers un remboursement des séances de psychothérapie?

Les psychotropes étant déjà prescrits "à la louche", on est en droit de s'interroger sur ce que deviendrait la consommation si les psychologues se mettaient également à en prescrire, comme c'est le cas dans quatre Etats américains! Heureusement, cette éventualité n'est pas d'actualité en France. Comme George Albee, je tendrais à penser qu'il y a des frontières à respecter en fonction du rôle et du champ de compétences de chacun, ainsi que de ses outils: les psychotropes au médecin-psychiatre; l'écoute-parole-élaboration de sens au psychologue.

D'un côté plus matérialiste et en référence avec le déficit de la Sécurité Sociale, il serait plus judicieux de rembourser les consultations chez le psychologue. Cela permettrait probablement de réduire la consommation de psychotropes (la France détenant la palme) et aussi de soulager des souffrances qui ne le sont pas forcément avec des psychotropes ou pour lesquelles les psychotropes ne sont pas forcément nécessaires.

Ce projet de remboursement des séances de psychothérapie est de plus en plus d'actualité puisque quatre départements français (Bouches- du- Rhône, Haute-Garonne,  Landes et Morbihan) font actuellement office de zones tests. L'objectif: "réduire les dépenses de Sécurité sociale liées aux maladies psychiques, en abaissant notamment le nombre de jours d'arrêt de travail, mais surtout la consommation d'antidépresseurs, d'anxiolytiques et de somnifères, qui ont des effets secondaires indésirables et entraînent des dépendances."

Même s'il y a encore des discussions de la part des psychologues concernant les tarifs imposés dans ces départements tests, la majorité saluent ce projet. 

Conclusion: la parole avant tout?

 

Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

A Bois-Guillaume

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Je me souviendrai toujours du commentaire d'une personne: à la suite du décès de son frère après de longues souffrances physiques et psychiques, ses parents ont été mis d'emblée sous antidépresseurs. Ceci n'a apaisé que très partiellement la souffrance de son père qui a fait ensuite plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Décédé deux ans plus tard, son père donnait son étiologie personnelle: "je n'ai pas pu exprimer ma souffrance, je n'ai pas pu pleurer, je suis malheureux...je n'y survivrai pas".

Les antidépresseurs étaient peut-être nécessaires, mais en tout cas insuffisants et non la priorité: le plus urgent était qu'il puisse verbaliser en exprimant son chagrin.

Guérir les maux par les mots... quitte à étayer par des psychotropes si cela s'avère nécessaire...

Mais comme déjà mentionné dans le premier article, ce point de vue n'engage que moi!


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