Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume
Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume

Familles fonctionnelles et dysfonctionnelles: question de cohésion, d'adaptabilité...et d'héritage familial. (3ème et dernière partie)


Par Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

à Bois-Guillaume

D'après Olson et al (1985): Le Fonctionnement Familial et le FACES

Nous avons vu dans les deux articles précédents la définition d'une famille et de la dynamique familiale avec les critères de fonctionnalité et dysfonctionnalité, mesurés en termes de cohésion et d'adaptabilité.

Après avoir vu les différents aspects permettant d'apprécier la notion de cohésion dans mon dernier article, nous allons aujourd'hui nous intéresser à l'adaptabilité et nous "dévierons" quelque peu pour aborder l'impact du transgénérationnel.

Petit rappel de définitions

  1. La cohésion familiale est la notion exprimant les liens, les attaches émotionnelles et les sentiments entre les membres de la famille, ainsi que le degré d'autonomie de chaque individu au sein du système familial.      On distingue 4 niveaux d'intensité croissante de cohésion: les familles éclatées, les familles séparées, les familles unies et enfin les familles fusionnelles.

 

         2. L'adaptabilité familiale, quant à elle, exprime la possibilité d'une famille à modifier ses règles de vie (par                    exemple, discipline, rapports d'autorité...) en situation particulière (stress, maladie, mort, échec scolaire...)                  On distingue 4 niveaux d'intensité croissante d'adaptabilité: les familles rigides, les familles structurées,                les  familles souples et enfin les familles chaotiques.

 

La vigilance doit être de mise lorsque la famille se situe aux extrêmes: famille éclatée ou fusionnelle en termes de cohésion et famille rigide ou chaotique en termes d'adaptabilité.

Que se passe-t-il dans une famille rigide?

Le comportement d'une famille à adaptabilité rigide se manifeste par la présence d'un leader autoritaire faisant régner une discipline stricte où la négociation est inexistante.

Dans ce type familial, les individus sont soit passifs, soit agressifs.

Les rôles et les règles familiales sont définis une fois pour toutes.., on ne discute pas!

Cela peut engendrer par exemple des adolescents plus que rebelles, capables de quitter la maison et de rompre définitivement tous les liens avec la famille.

Que se passe-t-il dans une famille chaotique?

Au contraire, une famille à adaptabilité chaotique se caractérise par l'absence d'autorité, un certain laisser-faire au sein de la famille, des changements de position  radicaux (un coup, on dit "blanc", un coup, on dit "noir"), et des règles jamais énoncées.

Dans ce genre de familles,  par exemple, les enfants/adolescents manquent totalement de repères, ils manquent d'un cadre et de limites qui les rassurent.

Tout l'art réside dans la capacité à fixer des limites fermes, bienveillantes et cohérentes de façon souple et négociable, et cette capacité, on la retrouve dans les familles souples ou structurées.

Encore une fois, ce sont les extrêmes sur lesquels il faut être vigilant. Plus la distance par rapport au centre du modèle est élevée, plus c'est inquiétant.

Ainsi, en fonction de la distance par rapport au centre du modèle, on distingue:

  1. Les familles équilibrées (distance par rapport au centre < 4.56)
  2. Les familles modérées (distance par rapport au centre [4.56 - 8.79])
  3. Les familles extrêmes (distance par rapport au centre > 8.79)

 

Olson, le créateur du modèle FACES,  a démontré que l'impact familial est primordial pour la santé physique et psychologique des individus, et plus particulièrement chez l'enfant.

Le fonctionnement familial que l'on a vécu en tant qu'enfant a des répercussions sur la façon dont on va nous-même élever nos enfants par la suite, puis nos enfants élever leurs propres enfants, et ainsi de suite. D'où l'importance de connaître notre "héritage familial".., mais ce n'est pas toujours évident, loin s'en faut.

Cohésion, adaptabilité...et héritage familial ou "l'impact du transgénérationnel"

Avant toute chose, il est important de faire la distinction entre "transmission intergénérationnelle" et transmission "transgénérationnelle":

  • La transmission inter-générationnelle se fait à partir d'éléments qui ont été racontés. Un travail d'élaboration a été possible sur ce qui a été transmis, et le sujet a pu vraiment s'approprier ce qui était mémoire collective.

          Transmettre, c'est faire passer un objet, une pensée, une histoire, des émotions... d'une personne à une autre            personne, d'une génération à une autre.

          Les transmissions intergénérationnelles sont donc des transmissions pensées ET parlées entre grands-                          parents, parents et enfants (habitudes familiales, tours de main, manière d'être, etc.)

  • Les transmissions transgénérationnelles, elles, ne sont pas dites et ne peuvent donc pas être élaborées, intégrées par les individus.

          Ce sont des secrets, des non-dits, des choses tues - parfois interdites, même, de pensée! - qui traversent les                  descendants sans être ni pensés ni intégrés.

          Mais ce qui a été retenu, dénié ou caché par une génération ne reste pas inaccessible aux générations                              suivantes: les restes, les tentatives d'oubli ou de gommage laissent des traces, du "négatif" qui sera transmis              et imposé aux héritiers.

 

On peut ainsi résumer la différence entre ces deux modalités de transmission:

  1.  l'une, consciente, concerne des objets symbolisés: des histoires familiales, des habitudes familiales, des tours de main, des manières d'être, etc. qui deviennent le symbole de la famille et qui se transmettent.
  2. l'autre concerne des vécus bruts, traumatiques ou interdits qui vont constituer des "contenants de négatif" qui apparaîtront par exemple dans les rêves, cauchemars, inscriptions somatiques, répétition de scénarios, etc. qui disparaissent s'ils sont mis en mots.

 

Dans les cas cliniques, nous retrouvons souvent les notions de mythe familial, loyauté, compte de dettes et mérites, les fantasmes parentaux quant à ce que doit être leur enfant:

  1. l'enfant en tant que substitut d'un autre partenaire
  • d'un parent
  • d'un époux
  • d'un membre de la fratrie

         2. l'enfant en tant que substitut d'un aspect du propre Moi parental

  • l'enfant copie conforme
  • l'enfant substitut du Moi idéal
  • l'enfant substitut  de l'identité négative
  • l'enfant comme allié qu'on se dispute

Conclusion

Il ne faudrait pas, qu'à la suite de cette lecture, vous passiez des nuits blanches à tenter de vous remémorer les événements familiaux et à vous dire: "mais oui, au fait, dans ma famille il y a eu ci et il y a eu cela..., si cela se peut, c'est à cause de l'oncle Jules que tout a commencé!" 

"Tomber dans le transgénérationnel" peut devenir une aliénation et alors, on ne voit plus rien d'autre.

Si vous êtes bien dans vos baskets, ce n'est pas forcément nécessaire de fouiller le passé dans tous ses recoins. En revanche, si vous ressentez un mal-être récurrent ou encore que vous avez du ressentiment par rapport à votre famille, vos parents...alors...

Par Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

à Bois-Guillaume


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