Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume
Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume

Quelles sont les différentes étapes de l'évolution des conceptions en matière de toxicomanies?


Par Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

à BOIS-GUILLAUME

Imprécis, le terme "toxicomanie" est employé par Pierre et Sylvie Angel et Florent Fargès au sens de "dépendance", c'est à dire que le sujet subordonne son existence à la consommation d'une ou plusieurs substances psychoactives.

L'histoire des toxicomanies peut se résumer à celle des drogues et nécessite de s'interroger sur la construction sociale de ces "maladies" , sur ce que la société propose pour réguler la relation entre l'être humain et les substances psychoactives et plus, globalement, avec des sources de plaisir pouvant devenir incontrôlables.

 

Ainsi la société a-t-elle fait proposé, au fil du temps, divers modèles faisant apparaître les différentes conceptions en matière de toxicomanies. On distingue quatre modèles principaux qui sont le modèle moral ou religieux,  le modèle "monovarié" de maladie, le modèle "bivarié" et enfin le modèle "trivarié".

Le modèle moral ou religieux: les drogues furent d'abord un moyen d'accéder au sacré. Les prêtres puis les médecins avaient pour tâche de prescrire ou proscrire, de façon rituelle, l'usage des drogues. L'intempérance pouvait être un péché, un vice, voire un crime relevant de la justice.

Le modèle mono-varié: le premier modèle de maladie remonte à 1785, avec les travaux de Benjamin Rush concernant l'effet des spiritueux sur le corps et l'âme. dans ce modèle, le mal est en quelque sorte contenu dans la substance qui déclenche le processus morbide. C'est un modèle du type "intoxication". Rush a tenté de convaincre ses contemporains que les alcooliques étaient donc des malades et non 

des délinquants ou des ivrognes. A la logique de la répression (prison pour les drogués, prohibition pour l'alcool), il a opposé une démarche de soin. Il a montré que la dépendance n'était pas l'effet d'un manque de volonté ni une tendance criminelle, mais l'expression d'une "habitude pathologique apprise et contraignante" ("Encore plus!" Adès et Lejoyeux, Odile Jacob, 2001). L'alcoolisme chronique recevra son nom au milieu du 19ème siècle. Le fait que ce soit le produit la cause du mal entraîne l'idée de l'éradication de ce produit (prohibition aux Etats-Unis en 1919).

Le modèle bi-varié: la théorie de la dégénérescence (transmise par hérédité) de Morel en 1857 marque la psychiatrie du 19ème siècle.

Selon cette théorie, certains sujets seraient plus faibles que d'autres, à la fois sur les plans physique, moral et mental. Transmise par hérédité, cette faiblesse serait aggravée par des causes extérieures comme les intoxications (alcoolisme), les infections (tuberculose). Les maladies "sociales" que sont la tuberculose, la syphilis,  l'alcoolisme, la toxicomanie sont donc le fait de "dégénérés". Cette théorie est un modèle bi-varié dans la mesure où elle accorde une place, à la fois à l'individu et à la substance. Aux Etats-Unis, la diffusion d'un tel modèle revient à "Alcooliques Anonymes" (1934) qui compare l'alcoolisme à une allergie ne touchant que des sujets pré-disposés.

Le modèle tri-varié, quant à lui, englobe à la fois le produit, la personnalité et le moment socio-culturel. Au début des années 70, la vision purement médicale ou psychologique des toxicomanies et de l'alcoolisme est remise en question par différentes études ayant montré que des sujets dépendants pouvaient devenir des consommateurs modérés, que le meilleur traitement pour l'héroïnomanie pour les soldats du Vietnam était le retour au pays (rôle 

de l'environnement), que les effets d'une drogue étaient modulés par la culture, les croyances (étude sur les effets placébo de l'alcool), l'apprentissage.

Mais le plus important était sociologique: l'apparition des toxicomanies actuelles, comme un phénomène de jeunesse lié aux mouvements contre-culturels (hippies aux Etats-Unis, mai 68 en France) ne peut plus être assimilée à une maladie et met en relief le contexte, la société, la culture. La toxicomanie devient alors un phénomène complexe qu'Olievenstein désigne comme la "rencontre d'une personnalité, d'un produit et d'un moment socio-culturel".

Le modèle tri-varié peut s'appliquer à toutes les addictions en général, et Valleur & Matysiak l'utilisent pour les sujets les plus avancés sur le chemin de la délinquance ("Sexe, Passion et Jeux Vidéo", Flammarion, 2003).

Etant donné le nombre important de professionnels intervenant dans le domaine de la toxicomanie, le besoin s'est fait sentir d'uniformiser et standardiser les définitions afin d'établir une base commune d'observation (DSM, CIM)

Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

à

BOIS-GUILLAUME

                                                                 


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