Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume
Sylvie Verdière
Psychologue Clinicienne Psychothérapeute à Bois-Guillaume

Addict à quoi ?


Par Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

A Bois-Guillaume

C'est au mouvement cognitivo-comportementaliste et, plus particulièrement à Stanton Peele, qu'il revient d'avoir lancé le concept d'"addiction" aux Etats-Unis. Selon Valleur et Matysiak ("Sexe, Passion et Jeux vidéo"), il est l'un des acteurs de l'évolution et de l'élargissement du discours sur les dépendances, qui se traduisent en France, notamment, par l'emploi de plus en plus fréquent du terme "addiction" qui supplante aujourd'hui quasiment les classiques "toxicomanie", "alcoolisme", etc.

Son modèle fait appel aux notions de "compétences" et de "renforcement" et s'applique donc à toutes les addictions, avec ou sans substance chimique.

Mais... comment, pourquoi devient-on dépendant...addict? Et à quoi?..., à qui?!

Selon Peele, l'individu devient dépendant d'une expérience non tant parce qu'elle procure un plaisir intense que parce qu'elle est un refuge prévisible, maîtrisable et reproductible à volonté. Les addictions toucheraient des individus prédisposés à la dépendance par leur manque de confiance en eux, leur immaturité, leur "personnalité addictive", résultat d'une éducation qui ne les a pas préparés à affronter le risque, ni à faire face à des situations imprévues, résultat aussi de l'angoisse du risque et de l'incertitude qui leur a été transmise.

En bref, une éducation surprotectrice, une société dans laquelle les individus ont pris l'habitude d'être assistés dans tous les domaines, produisent des sujets manquant d'assurance, tendant à fuir l'inconnu et pour lesquels la dépendance constitue un besoin, quel que soit l'objet d'attachement (Valleur et Matysiak).

Ainsi, à l'origine, les individus exposés aux dépendance auraient un sentiment d'incompétence personnelle ou sociale favorisant le recours à l'usage de drogues, alcools, ou à l'adoption d'un comportement, source de plaisir immédiat.

 

Cette gratification à court terme induit une satisfaction substitutive dont le pouvoir renforçateur sur le comportement est immédiat. Mais en fait, l'addiction abolit le constat de défaillance (satisfaction substitutive) et en même temps, elle le majore (perte d'estime de soi).

 

Ainsi, pour Peele, l'individu est dépendant d'une expérience et non d'un produit et l'addiction est une synthèse de dépendance (satisfaction du besoin, motivation par renforcement positif) et de compulsion (fuite ou évitement du malaise interne, motivation par renforcement négatif);

Les caractéristiques essentielles du modèle comportementaliste sont:

  • la répétition compulsive, signifiant l'incapacité de choisir librement d'arrêter ou de continuer;
  • la persistance du comportement malgré les conséquences néfastes pour le sujet et son entourage;
  • le caractère obsessionnel de cette activité.

 

Ainsi, synthèse de dépendance et de compulsion, l'addiction, conformément à ce concept, a amené les auteurs anglo-saxons, tel Aviel Goodman, à établir une théorie générale de la dépendance, prenant en compte des conduites qui n'impliquent pas l'usage d'une substance. Selon Valleur et Matysiak, la classification de Goodman ferait consensus dans les milieux médicaux et constituerait une tentative d'élaboration d'un seul cadre descriptif pour toutes les addictions: drogue, alcool, tabac, mais aussi jeux (vidéos, casino...), sexe, sport, réseaux sociaux, etc.

Notons enfin que Peele s'est beaucoup intéressé aux addictions "amoureuses". D'après lui, "nous nous tournons parfois vers l'autre pour les mêmes raisons qui poussent certains à boire et d'autres à prendre de l'héroïne. Et cette forme d'addiction est tout aussi auto-destructrice - et beaucoup plus répandue - que les autres formes!" (Love and Addiction, 1975)

Sylvie Verdière

Psychologue Clinicienne

Bois-Guillaume

07 86 47 35 69


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